Sylvain COHER
VAINCRE A ROME de Sylvain COHER aux éditions Actes sud
Première phrase de la quatrième de couverture du livre. Phrase coup de pistolet d’un départ de course
Rome, samedi 10 septembre 1960. Dans deux heures, quinze minutes et seize secondes, Abebe Bikila va gagner le marathon olympique.
Ils sont soixante-quatre au départ, Abebe est un inconnu, pour la petite histoire, Emil ZATOPEK et Alain MIMOUN tous deux champions olympiques sont dans le peloton mais à respectivement 39 ans et 38 ans le temps a fait son travail de sape. Abebe en 1960 a vingt-huit ans
Revenons à Abebe BIKILA. C’est un soldat éthiopien repéré par un major de l’armée, responsable des cadets à l’école militaire d’Addis-Abeba. Il se nomme Onni Niskanen, il est d’origine suédoise. Ils n’ont jamais douté, ils sont à Rome pour rapporter l’or dans leur pays et le continent noir. Ils sont arrivés un mois avant l’épreuve et ont étudié le parcours dans ses moindres détails. Le parcours a été retracé en Ethiopie pour l’entrainement. Rien n’a été laissé au hasard, un entrainement de première classe, c’est vrai que l’entrainement (prépa-marathon) est une condition nécessaire mais pas suffisante surtout à ce niveau pour réussir une telle performance.
En plus de gagner le marathon, il établit un nouveau record du monde, précision, il court pieds nus. Dans quatre ans , fait unique dans l’histoire du marathon olympique, même exploit mais avec baskets.
Il y a un contexte politique. Abebe n’est pas venu uniquement chercher l’or mais une revanche éthiopienne. Il y a vingt-quatre ans Mussolini entrait en Ethiopie en vainqueur, il veut effacer cette infamie. Hailé-Sélassié dit à Abebe « Vaincre à Rome, ce serait comme vaincre mille fois ». Abebe porte l’espoir de tout un peuple qui a souffert de la colonisation, ce message est fort car transmis par son empereur qu’il aime et respecte au plus profond de lui-même.
Le roman se structure comme un marathon. (cinquième kilomètre – 15’55’’, dixième kilomètre – 31’07’’, …. Arrivée 2H15’16’’02’’’). Nous avons l’honneur pour une fois de suivre un marathonien de très haut niveau même si c’est par la lecture. Une émotion et une empathie se dégage de ce récit.
La course vécue par Abebe est un monologue intérieur de deux heures quinze minutes et seize secondes avec son entraîneur qu’il appelle papa, son père et sa femme. Il y a aussi des digressions sur sa condition de coureur de fond, la violence d’un marathon et sa gloire future.
Le roman n’en parle pas mais Abebe Bikila a eu un destin tragique, wikipédia vous en parlera mieux que moi
L’auteur Sylvain COHER vit à Paris et à Pornic.