Cécile COULON

Le cœur du pélican de Cécile COULON aux éditions Points Poche

C’est une descente aux enfers, le récit d’une vie gâchée, ratée, celle d’Anthime extraordinairement doué pour la course à pied, un candidat aux jeux olympiques. Un roman littéraire d’une romancière qui connait bien le milieu de la course à pied.

Quatre personnages tournent autour du héros/anti héros, sa sœur Helena en symbiose avec son frère cadet, Joanna sa femme qu’il n’aime pas, Béatrice la femme qu’il aime et Brice son entraineur.

Le roman est très bien structuré, trois parties, l’ascension, la chute et une rédemption étonnante.

Anthime est étranger au monde médiocre dans lequel il vit. Ce monde est décrit sans complaisance d’une cruauté sans nom dans un style éblouissant. Anthime n’aimait pas courir, il aimait gagner, pour lui, les gens ne se battent pas pour mourir dignement, ils se battent pour gagner.

Quand il découvre ses capacités pour la course à pied, il fonce, gagne et perd son identité, il devient une vedette, un héros envié par les garçons et aimé par les filles. Son adolescence est bousillé, il n’a pas eu le temps de se construire, il n’est qu’une image. Brice son entraineur le prend en charge. Il s’entraine dangereusement, monte sur les podiums et chute. Diagnostic du médecin sportif « Reposez-vous, en ce qui concerne la compétition, c’est terminé ».

Il mettra vingt ans pour retrouver un autre sens à sa vie. Vingt ans de haine non exprimée, vingt ans de vie médiocre, vingt ans de mépris pour son corps, La reprise en main de sa vie, il la fera avec l’aide de sa sœur. Il rompt avec sa famille et se lance un défi à la mesure de ses vingt ans de haine non exprimée. C’est la troisième partie du roman digne d’une course poursuite avec des embûches étonnantes.

Ce roman supporte une deuxième lecture, il a été plébiscité par la critique et je pense que cette romancière mérite qu’on la suive.

Voici un extrait qui donne un aperçu de la qualité du style. Le personnage de Brice son entraineur

«Pour Brice, le bon vieux temps puait autant qu’un paquet de charogne. Il s’était cassé les dents en grimpant les marches; aujourd’hui, il assurait les arrières des plus jeunes, ses mains énormes calées contre leur dos pour les empêcher de tomber à la renverse. Brice. Un géant aux yeux minuscules, enfoncés dans son visage. Son corps bruissait, arbre aux branches de peau et de sang.»